Les nœuds de randonnée

Quel matériel conseillez-vous ?
Un randonneur qui aime sortir des sentiers privilégiera une corde dynamique de 30 mètres et de 7 millimètres de diamètre. Il doit également prévoir deux mousquetons à vis piriforme (en forme de poire), dont le côté large pourra être utilisé pour réaliser des nœuds et demi-nœuds de cabestan. Deux grandes sangles complèteront l’équipement pour réaliser un harnais de fortune, installer un point fixe, etc. En terrain facile, une corde de 15 mètres suffit : non seulement elle ne pèse rien, mais elle peut faciliter la descente d’une petite barre rocheuse. Elle peut aussi servir de cacolet (harnais brancard), ou à confectionner un brancard de fortune, ou encore une tente improvisée !
Quelle technique de base préconisez-vous ?
Le plus utile et indispensable est à mon avis le nœud de huit. On l’utilise en bout de corde pour éviter de la lâcher ou de la voir filer en bas de la pente. En randonnée, on l’utilise surtout pour attacher la corde à un mousqueton, au pontet d’un baudrier, etc. J’estime que ce nœud peut résoudre 75 % des problèmes du randonneur. C’est donc LE nœud de base, d’autant qu’il est facile à vérifier, à faire et à mémoriser — ce qui n’est pas le cas du nœud de chaise.
Un autre nœud indispensable ?
Le nœud de queue de vache, encore plus simple, permet de faire une boucle dans une corde. Peu consommateur en corde, je m’en sers pour faire des “poignées” sur une corde fixe pour faire passer une petite pente à des personnes peu sûres d’elles qui pourront descendre la corde de poignée en poignée. Attention, cependant, mis en tension, le nœud va se serrer et ne pourra être défait.
Il existe d’autres méthodes pour passer une rupture de pente ou une petite barre rocheuse. La plus simple, si le passage est facile et peu exposé, consiste à attacher une corde à un point fixe et la laisser filer vers le bas. On peut alors, en passant la corde de main à main au travers des bras et du dos, constituer un frein assez efficace. Si la pente est verticale et exposée (une barre rocheuse de quatre mètres par exemple), je recommande de faire passer les randonneurs attachés en bout de corde, un à un, en moulinette. Cette technique est plus sûre et moins impressionnante. Pour cela, on installe un point fixe (exemple : anneau sur un arbre et mousqueton) sur lequel on freine la corde à l’aide d’un demi-nœud de cabestan. Le mieux étant encore d’éviter de se retrouver dans une telle situation !
Dans quel cas conseillez-vous le nœud du pêcheur ?
C’est une bonne technique qui permet d’attacher deux bouts de corde ensemble. Cette méthode élégante consiste à faire un nœud plat autour d’une corde et de répéter le geste sur la seconde : il suffit de faire coulisser et de tirer les deux nœuds, qui vont alors se retrouver l’un contre l’autre. C’est parfait et très utile pour effectuer, par exemple, un anneau de corde ou rabouter deux cordes pour faire un rappel en alpinisme. Mais dans ce dernier cas, on est dans le domaine des guides de haute montagne !
Sur des traversées de torrent ou de névé, quels nœuds doit-on utiliser ?
En traversée (avalanche dans une combe, névé pentu…), on utilise une corde que l’on fixe d’un bout à l’autre. Pour une bonne sécurité, on doit tendre la corde. Cela n’est pas forcément facile, car les cordes de randonnée ont la propriété d’être dynamiques — elles s’allongent lorsque l’on tire dessus ! Cette mise en tension est facilitée par l’utilisation d’un palan, autrement dit un aller-retour de corde qui, à l’aide de deux mousquetons jouant le rôle de poulies, permet de démultiplier la force de l’utilisateur. Dans ce cas, on fait appel à des nœuds de huit pour faire les boucles combinés à un demi-nœud de cabestan pour bloquer la corde lorsqu’on tire dessus. Une fois celle-ci mise sous tension, on arrête l’ensemble avec un nœud de mule.
Ces techniques sont-elles accessibles à tous ? Comment les apprend-on ?
Avec une photo, un bout de corde et des mousquetons, il est facile de les apprendre en les faisant. Le seul problème avec les nœuds, c’est qu’il est nécessaire de les faire régulièrement, faute de quoi, on les oublie ! D’où l’utilité d’en connaître peu mais de bien les connaître.