Une frontière virtuelle marque l’entrée dans un monde de passion : le cercle polaire arc- tique. Au-delà de cette latitude, la boussole s’affole à mesure que l’on s’approche de l’axe de rotation de la Terre. Nos sens, quant à eux, sont décuplés par ce monde sans demi-mesure. Le Grand Nord, on aime ou on n’aime pas. Pour moi, la réponse est simple et sans concession : j’aime passionnément

Il y a d’abord cette lumière particulière, tout en nuances. Parfois elle nous fait douter. Tient-elle de l’aurore ou de l’aube ? Sommes-nous le matin ou le soir ? J’aime le soleil de minuit, qui nous pousse à l’insomnie, et le ballet des aurores boréales, qui nous tient éveillés la nuit. J’aime l’homochromie de la faune à l’approche de l’hiver, quand nous endossons nos vestes en duvet.

Dans le Grand Nord, la mer et les montagnes sont indissociables. Au fil des saisons, le chuintement du kayak dans la houle des fjords s’estompera au profit du crissement de la neige sous les skis ou les raquettes. Nos pieds apprendront à déjouer les pièges du mollisol pour nous conduire au sommet d’un pic acéré. Afin de pouvoir contempler les glaciers, les lacs, les fjords, la toundra et la taïga.