Islande, la terre qui remue

De retour d’Islande, Christelle, conseillère en voyage experte du Grand Nord, ramène des images en Technicolor et la sensation d’une terre qui se transforme sous ses pieds. L’impression, surtout, d’une nature dans laquelle on peut se perdre…
islande christelle

“On naviguait tout près des blocs de glace translucides, c’était magique !”

“Il y a quelque chose d’un peu déstabilisant dans cette nature. Alors oui, bien sûr, je pourrais dire que les paysages sont grandioses, parce qu’il y a l’immensité, des glaciers grands comme la Corse, des coulées de lave sur des dizaines de kilomètres carrés… Et puis, évidemment, les couleurs. Avant d’y aller, je pensais que le contraste des photos était dû au fait qu’elles étaient retouchées. Mais non, sur place, le noir est noir charbon, le vert est fluorescent : c’est la réalité qui est polarisée en Islande !

C’est aussi un pays où l’on peut se retrouver dans une “couleur unique”. Dans la région de Skaftafell, sur le lac Jökulsárlón, on avait l’impression d’être des petits bouchons qui flottaient dans du “tout bleu”, on naviguait tout près des blocs de glace translucides, c’était magique ! Et au tout début du trek dans le Landmannalaugar (où l’on peut commencer la journée en maillot de bain dans les sources chaudes et la terminer caché sous un bonnet), on a eu l’impression de changer de pays en une nuit : on s’est réveillés au milieu du “tout blanc”, c’était le Groenland !

“C’est cela qui est étrange : la nature bouge, elle se transforme en permanence, elle est prise dans un mouvement perpétuel.”

Au-delà du côté spectaculaire, je me suis surtout sentie petite comme rarement, comme si je m’étais retrouvée “exposée” au milieu d’une nature qui remue. Parce qu’au fond, c’est cela qui est étrange : la nature bouge, elle se transforme en permanence, elle est prise dans un mouvement perpétuel. Au milieu d’une randonnée, le guide peut dire : “Ici, l’année dernière, il y avait un lac. Mais cette année, il n’y en a pas.” Ah, d’accord... Et puis la perte de repères est facile. Quand on dit que “quelqu’un s’est perdu”, ici, on ne fait pas référence à une balade qui a pris quelques heures supplémentaires, mais à des gens qui ne sont pas revenus. Y compris dans des endroits qu’ils connaissaient plutôt bien ! “Un jour, ici, un homme est sorti de sa cabane, il a été pris par le brouillard, et on l’a retrouvé le lendemain mort de froid.” C’est la réalité, ce sont des faits avérés, et ils paraissent… surréalistes. A force d’entendre des histoires de ce genre, ça a fini par m’atteindre un peu.

Cette sensation très nette d’une nature qui pouvait nous engloutir à chaque instant, ça m’a… remuée aussi.
D’ailleurs, quand on aurait pu l’oublier un peu, on a vite été ramenés à l’Histoire. Pendant qu’on marchait sur la fameuse “faille de feu”, le guide a rappelé que l’éruption du Laki, en 1783, avait décimé un cinquième de la population ! De fil en aiguille, elle aurait même eu une véritable influence sur la Révolution française (fumées intenses, refroidissement du climat européen, impact sur les récoltes, famine, révolte…). Exit la version édulcorée “un volcan s’éteint, un être s’éveille” ;  on est sur le versant “un volcan se réveille, un régime s’effondre !” D’ailleurs, le calme avec lequel les Islandais prennent cette nature est assez surprenant. Ils semblent s’être adaptés, finalement, et vivre leur quotidien sans trop s’en préoccuper.

islande neige

“[L’aurore boréale] s’est mise à enfler, puis à verdir pour finir par danser littéralement au-dessus de nos têtes, et devenir rose, rouge, écarlate !”

De cette nature changeante, je garderai aussi le souvenir d’une aurore boréale en particulier. J’avais déjà eu la chance d’en observer en Finlande et au Groenland. Mais l’une de celles qu’on a pu voir pendant ce voyage était vraiment exceptionnelle. Elle n’a pas été impressionnante dès le début, elle s’est formée relativement lentement,  et puis à un moment,  elle s’est mise à

enfler, à verdir de plus en plus pour finir par danser littéralement au-dessus de nos têtes, et devenir rose, rouge, écarlate ! On aurait dit un feu d’artifice ! D’ailleurs, preuve que cela s’appelle un “spectacle”, à la fin, on a tous applaudi. Et on a éclaté de rire quand on s’est rappelé qu’il n’y avait pas d’équipe technique…”

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NB : texte rédigé suite à un voyage de formation des conseillers en voyage.