Le Népal, terre de religion

Le bouddhisme dans l’Himalaya
Avec environ 81 % de sa population dévouée à l’hindouisme et 9 % au bouddhisme, le Népal est un pays très religieux. Durant mon trek dans la région du Khumbu, au sud de l’Everest, j’ai eu le sentiment que pour les Népalais la religion est plus qu’une croyance, c’est un style de vie. Le Khumbu est peuplé à 94 % de Sherpas, une ethnie tibétaine venue s’installer au Népal au milieu du XVIe siècle, emportant avec elle le bouddhisme tantrique tibétain. Aujourd’hui, les montagnes himalayennes sont parsemées des symboles de cette religion. Je n’ai pas manqué de les observer le long des sentiers de trekking et de randonnée, où j’en ai croisé trois types en particulier.
Sentiers et symboles
Les drapeaux à prières Ce sont des morceaux d’étoffes de différentes couleurs sur lesquels sont écrites des prières et incantations. Ils sont attachés aux toits des maisons, sur les temples, aux points culminants des cols et des sommets. La croyance veut que, lorsque le vent les fait onduler, les prières soient transmises aux dieux et à toute personne touchée sur son passage. |
Avant mon voyage au Népal, j’avais vu dans des films et reportages photo que ces drapeaux sont très présents au Népal, au Tibet et au Ladakh. Mais ce n’est pas le cas au Laos, au Cambodge ou en Thaïlande, pays que j’ai visités il y a quelque temps. Au Népal, ces drapeaux sont en effet antérieurs au bouddhisme, issus des rites ancestraux tibétains Bön. On comprend mieux pourquoi ils sont si courants dans l’Himalaya, où ils ont été introduits par les Sherpas du Tibet il y a des siècles.
Les pierres mani J’en ai vu seulement sur les sentiers de trekking de l’Himalaya. Plates et gravées de prières, elles sont déposées sur des murs construits au milieu des chemins. Il faut les longer par la gauche pour ne pas offenser les dieux. Il se dit aussi que cela équivaudrait à réciter chacune des prières gravées. On trouve également ces pierres sous forme de gros rochers gravés et/ou peints de prières tibétaines, qu’il faut de même longer par la gauche. |
Les prières et incantations des pierres mani sont aussi appelées mantras en sanskrit, ce qui signifie “outils de l’esprit”. Le mantra est soit une formule condensée, soit une série de syllabes à scander sur un rythme particulier. La récitation de mantras est une forme de méditation, et la pierre mani est un support matériel pour la pratique spirituelle.
Les moulins à prières Ce sont des cylindres que l’on doit faire tourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Les prières sont gravées sur la face extérieure du moulin et écrites sur des petits papiers roulés et glissés à l’intérieur du cylindre. Chaque tour donné représente une prière. On trouve ces moulins près des temples ou des stupas. Certains, plus gros, ont été construits dans les villages et au bord de cours d’eau pour être actionnés par les courants. |
Comme pour les pierres mani, le sens de rotation des moulins est par la gauche et les prières et incantations gravées sont des mantras. Mais dans leur utilisation, ils sont similaires aux drapeaux à prières : en les faisant tourner, on envoie les prières dans l’univers, on les fait circuler à travers la nature, l’eau et l’air, pour améliorer les karmas négatifs et envoyer des énergies positives à tous les êtres vivants.
La pratique religieuse aujourd’hui
Alors même que le bouddhisme et ses symboles sont encore très présents dans l’Himalaya népalais, j’ai malgré tout eu le sentiment que pour la nouvelle génération la pratique de la religion est moins importante. J’ai en effet vu de nombreux jeunes porteurs ne pas s’embarrasser à respecter le sens de passage lorsqu’ils croisent des murs mani ou ne pas faire tourner les moulins à prières, contrairement aux sherpas plus âgés, malgré les charges qu’ils portent.
En revanche, mon jeune guide de trek, DaSonam Sherpa, suivait chacune des “règles” religieuses, passant par la gauche des murs ou des pierres mani et faisant régulièrement tourner les moulins à prières. Je pense que pour lui c’est aussi une façon de transmettre les usages de sa religion aux trekkeurs et de faire en sorte que nous, Occidentaux, les respections sur les sentiers. Une façon de faire perdurer ses traditions tout en nous les enseignant le temps d’un trek au Népal.”