Saint-Jacques-de-Compostelle : le chemin légendaire

On raconte qu’un ermite découvrit, en l’an 813, la sépulture de saint Jacques en suivant les étoiles. Ceci donna le nom de Compostela (Compostelle), du latin campus stellae, signifant “champ d’étoiles”, qui fut associé au nom de l’apôtre, Santiago. L’archevêque d’Iria Flavia, un village proche de l’actuelle Saint-Jacques, sur la côte galicienne, décida alors de transférer le siège de l’évêché à cet endroit. Et le roi de Galice, Alphonse II, ordonna la construction d’une cathédrale dédiée à l’apôtre saint Jacques.
En randonnant sur les chemins mythiques de Saint-Jacques, le marcheur n’est jamais au bout de ses surprises : il inscrit ses pas dans une histoire séculaire initiée au IXe siècle, mais sans en avoir tout à fait conscience. Cela vient peu à peu, en tutoyant plateaux, prairies, forêts ; en se rapprochant des vieilles pierres, celles des églises et des abbayes. Et puis, il y a les rencontres, avec ceux qui “font” le chemin, et avec ceux qui les voient passer… Car la route est aussi longue que riche.
Côté français, de la Haute-Loire aux Pyrénées, la via Podiensis était l’un des quatre chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins, une fois bénis à la cathédrale du Puy-en-Velay, partaient et parcouraient une longue route balisée par les hospices qui jadis offraient une halte aux pèlerins pauvres et fatigués. Ce chemin passait par les sanctuaires de Conques et de Moissac puis rejoignait la via Turonensis et la via Lemovicensis à la hauteur des Pyrénées et de l’hôpital Saint-Blaise, avant d’aborder le col de Roncevaux.
La portion du Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Port a toujours eu un immense succès auprès des marcheurs, alternant paysages de prairies rases, vallées verdoyantes et joyaux architecturaux de Conques, Cahors et Moissac.
L’option ibérique
De l’autre côté des Pyrénées, au départ de la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, le camino Francés, ou “chemin des Francs”, constitue quant à lui le chemin de randonnée le plus cosmopolite au monde ! Du Pays basque à la Navarre, de la Rioja à la Castille-et-León jusqu’à la Galice, c’est un peu comme s’il vous guidait au plus profond de l’histoire de l’Espagne, vous ouvrait les portes des cathédrales et d’églises, toutes remarquables d’Estella à Logroño, de Burgos à San Juan de Ortega… et tout autant que les paysages !
Le camino del Norte, ou “chemin du Nord”, qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle possède un allié de choc et de charme : l’océan Atlantique. Depuis Hendaye, les sentiers de randonnée le long de la côte cantabrique, dans l’arrière-Pays basque, les Asturies ou la Galice révèlent des paysages somptueux et des villes-étapes telles que San Sebastian, Bilbao ou Santillana del Mar, avant l’arrivée, en Galice, à Santiago de Compostela.
L’alternative sauvage
Bien moins connu que le chemin français, le chemin portugais n’en est pas moins riche en histoire et traditions jacquaires. Avant d’atteindre Santiago de Compostela, il constitue une superbe alternative si l’on décide d’emprunter les régions sauvages de l’Alto Minho et de la Galice par la via Lusitana : les chemins sableux, anciennes voies romaines, petites routes de campagne conduisent à des villages historiques et culturels, le tout dans des paysages vallonnés, des terres viticoles, et des sous-bois embaumant l’eucalyptus… En point de mire, Santiago de Compostela, but ultime du pèlerinage, où se dresse la cathédrale romane abritant les reliques de saint Jacques, entourée par des paysages verdoyants largement ouverts sur l’Océan, qui rappellent les abers bretons. La région a même hérité du nom de “Finisterre”, clin d’œil à notre Finistère ou à la fin du voyage…