arabie saoudite trek randonnée

Tu as effectué une reco en Arabie Saoudite en janvier 2020… entre-temps, la crise du covid a conduit à la fermeture des frontières*.

Je souhaitais mieux appréhender ce pays qui s’ouvrait alors tout juste au tourisme. Depuis le printemps arabe, les terres de trek sahariennes sont beaucoup moins accessibles. Surtout, les voyages dans le désert font partie de l’ADN d’Allibert Trekking depuis près de 25 ans. Explorer cette terra incognita longtemps fermée s’inscrivait dans notre culture de découvreurs. Ajouté à cela une histoire riche de plusieurs millénaires et des zones désertiques offrant des paysages à couper le souffle…
Dans un pays qui représente plus de trois fois la superficie de la France, le site nabatéen d’Hégra (Madâin Sâlih localement) a été rapidement une évidence. Cette région, où la civilisation nabatéenne a laissé un riche héritage, était un bon point de départ pour conjuguer patrimoine historique et paysages naturels afin de montrer les richesses insoupçonnées de l’Arabie Saoudite.
Sur place, les équipes locales ont encore besoin d’être formées aux spécificités du tourisme d’aventure, mais elles sont très enthousiastes, et nos guides plus expérimentés travaillent à leur transmettre leurs compétences.
Les infrastructures routières sont très bonnes, les véhicules récents. Les grandes villes offrent un très bon niveau d'hôtellerie. Dans le désert, il existe de nombreux campements fixes bien équipés, et la possibilité de faire des bivouacs en pleine nature.
On peut également constater sur le terrain que la sécurité est parfaitement assurée. Tout est mis en œuvre dans un pays qui souhaite désormais développer le tourisme.
Et en termes de logistique, à 6 heures d’avion de Paris en vol direct, l’Arabie Saoudite compte pas moins de six aéroports internationaux. E-visa en ligne en quelques heures, aucune complication sanitaire si ce n’est la vaccination contre le Covid-19 et un test PCR négatif de moins de 72 heures !

* Fermeture des frontières du pays en mars 2020, rouvertes le 1er août 2021 aux touristes vaccinés.

Cette destination, totalement inédite, est encore confidentielle : s’adresse-t-elle à un type de voyageur en particulier ?

Longtemps inaccessible, l’Arabie Saoudite s’adresse bien sûr aux amateurs de terres inconnues et de désert, mais pas seulement… La culture est également au rendez-vous dans ce pays à la civilisation séculaire. Le royaume saoudien séduira donc des voyageurs aux profils variés, mais l’esprit de découverte est ici de mise.
Peu de personnes ont eu l’occasion de s’y rendre à ce jour, et ces terres restent encore à défricher. Nombreux sont les canyons et vallées qui n’ont pas encore été parcourus, les vestiges archéologiques à mettre au jour.
Il faut bien sûr aimer le silence du désert dans un pays où il représente 80 % de la superficie, aimer fouler le sable fin des dunes géantes, aimer se laisser envoûter par les lumières d’un coucher de soleil... Mais aussi être curieux devant les gravures rupestres, effleurer les vieilles pierres des sites archéologiques qui témoignent d’un passé prestigieux.
Autre facteur d’importance, il faut savoir s’ouvrir aux autres cultures et découvrir les traditions sans préjugés. Cela permet de mieux comprendre la société saoudienne. L’Arabie Saoudite va évoluer, c’est certain, car la volonté existe au sommet du pouvoir.
Finalement, il faut, je crois, se laisser porter pour en revenir bouleversé, par la beauté de paysages insoupçonnés, la richesse d’une histoire au carrefour des civilisations, mais aussi par la magie de la découverte.

Concrètement, que peux-tu dire au voyageur qui souhaiterait visiter le pays de la réalité de la société saoudienne ? Qu’est-ce que tu as pu constater sur le terrain ?

Si le pays possède d’indéniables atouts pour le tourisme d’aventure, la société saoudienne, dont les élites sont plutôt très conservatrices, évolue doucement, et cela est assez récent. Par exemple, le droit de vote pour les femmes date de 2015, l’autorisation de conduire de septembre 2017, et celle de créer sa propre entreprise sans un tuteur masculin de 2018 !
Ainsi, au quotidien, on peut croiser des familles dans les centres commerciaux, des femmes seules avec leurs enfants en ville, mais, pour le moment, les contacts restent encore limités. C’est plus commun hors des grandes villes, où finalement la présence de femmes dans un groupe de touristes rend les choses plus faciles.
Au niveau de la tenue vestimentaire, il s’agit simplement de privilégier des vêtements amples pour les femmes, pas de voile obligatoire en dehors des lieux de culte. L’abaya noire traditionnelle est également peu à peu remplacée par des vêtements longs.
Il faut éviter les tenues trop courtes ou provocantes pour les hommes ou les femmes, mais les shorts longs ou les t-shirts à manches courtes ne posent pas de problème. Les guides sont de toute façon là pour conseiller les touristes sur la tenue adaptée selon les lieux visités.
J’ai croisé plusieurs couples de touristes qui traversaient à vélo une partie du pays, j’ai vu des familles sur les sites avec leur propre véhicule de location. Le tout est de se montrer respectueux, de ne pas prendre des photos des personnes sans leur accord, mais cela comme dans beaucoup d’autres pays dans le monde.
Bien entendu, l’alcool reste interdit partout dans le royaume, mais l’art, la musique et les expositions se démocratisent doucement…

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