Kirghizstan, l'aventure en majuscules

Une même envie d’aller vers l’autre, de partager
Pas à pas, nous suivons la piste buissonnière. Le groupe s’étire dans le paysage. Les montagnes pelées se développent à l’infini, s’enchevêtrent et s’étagent en amphithéâtre depuis les ravins sombres jusqu’aux monts drapés de blanc. Dans ce matin encore naissant, la rosée pleure sur mille sortes de plantes. Les herbes bruissent. Les nuages ont fui la torture du vent, laissant au soleil le loisir de se déployer sur ces pâturages fanés par l’été. Quelques moutons paissent tranquillement. Sur la crête d’un vallon, un cavalier coiffé d’un kalpak, le chapeau de feutre blanc des bergers, observe notre progression.
De juin à septembre, règne en ces lieux une vie pastorale intense. Les bergers s’installent avec leurs troupeaux dans ces vallées d’altitude où abonde l’herbe grasse. En arrière- plan, dans le creux d’un vallon, une yourte fumante borde le chemin. Nous l’atteignons en moins de 20 minutes. Fichu sur la tête, une femme nous accueille avec du pain, du beurre et un bol de koumis, cette boisson au lait de jument fermenté. Il n’y a là aucun folklore, aucune mise en scène touristique. Les nomades kirghiz ont un sens inné́ de l’hospitalité́. Partout, ce même cérémonial, cette même envie d’aller vers l’autre, de partager. Nos deux guides entament la conversation, traduisent les propos et les questions de notre hôte. La dame nous fait entrer dans sa yourte. L’endroit est simple, fonctionnel. Le feu de la cuisinière, alimenté par des bouses de vache, ronronne sous les casseroles. Une petite table, des tapis au sol, des tentures aux murs. Cette maisonnée qui se monte et se démonte en quelques heures est au centre de la vie nomade. Une vie qui va à l’essentiel, comme ce voyage en forme de retour aux sources.
La déconnexion est totale
Depuis notre départ, nous avons enchainé des journées de cinq à sept heures de marche au cœur des “montagnes célestes”, de la vallée de Shamsy au massif de Kilemche en passant par les pâturages de la vallée de Jumgal, le col de Boutchouc... Sans oublier la rivière Karakol, ce torrent furibond dans son lit de pierrailles qui s’adoucit au fur et à mesure de sa descente. La déconnexion est totale. Il n’y a que des vaches, des yaks, des moutons, des chevaux, des familles de bergers et la panthère des neiges qui rode au loin dans le blanc éternel des sommets. Et puis nous, Tiphaine, Albert, Amandine et les autres, avec notre intendance : la cuisine, les tentes, les matelas qui suivent à chaque étape par d’autres chemins carrossables. Cette simplicité retrouvée nous donne l’envie de butiner le souffle de la vie. L’ambiance est joyeuse, légère. Le cadre s’y prête à merveille.
Cette petite république d’Asie centrale, née du démantèlement de l’URSS, est aussi un territoire de haute montagne : 50 % de son espace culmine à plus de 3 000 mètres, dans une région parmi les plus isolées de la planète. Et de ce fait, grandement préservée. Après neuf jours de marche, l’itinérance s’achève au lac Issyk Kul, qui s’étend sur 180 kilomètres de long au nord-est du pays. C’est le deuxième plus grand lac d’altitude de la planète après le lac Titicaca, en Amérique du Sud : une mer intérieure, classée réserve de la biosphère par l’Unesco, qui ne gèle jamais grâce à son activité thermale souterraine et sa légère salinité. L’endroit idéal pour aller piquer une tête avant de retrouver la vie grouillante de la capitale, Bichkek. Mais ne tardez pas à découvrir cette pépite. Lonely Planet l’a classée en 2019 dans le top 5 des destinations du monde.
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