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Le Spitzberg en hiver

Envie d’une autre façon de voyager ? Désir de découvrir un désert blanc ? Le pôle Nord vous attire ? Avec un minimum d’engagement et du matériel tip-top, partez explorer le Spitzberg avec Allibert Trekking ! Vidian, notre chef de produits Grand Nord, vous raconte son dernier séjour au pays des glaces. Extraits choisis :
spitzberg hiver

Tour de garde

(…) 3 heures du matin. Un froissement de toile. Une voie lointaine. “Vidian, c’est l’heure !” Je délaisse mes songes, et rassemble mes idées pour retrouver mon équipement, à la chaleur de mon sac de couchage. Le rituel débute. Je me débats pour changer de collant et enfiler mes chaussettes. Je suis une chrysalide. Je “dézippe”l e sac de couchage. Brr... Hop ! un pantalon de ski, une polaire, une mini-doudoune, des sous-gants, des moufles. Je deviens papillon (de nuit). Sortir et replacer les chaussons des bottes Sorel, puis les chausser en prenant l’extrême précaution de ne surtout pas toucher la toile intérieure de la tente, pailletée de givre. Encore un effort pour mettre la volumineuse veste grand froid et ajuster ma chapka, et je retrouve Nicolas dehors. “On a de la chance, il fait bon, seulement – 19 °C, mais il y a un peu de vent là-bas, juste derrière le chien.” Je grogne, pas encore tout à fait réveillé, et empoche le pistolet d’alarme.
Bienvenue au Spitzberg !
Lors d’un raid en ski-pulka dans l’archipel du Svalbard, il est en effet nécessaire de faire des tours de garde. Il s’agit simplement ne pas laisser croire à l’ours polaire que nos aventuriers dorment. Le guide a été clair : “Marchez autour du camp, courrez, faites des étirements, réchauffez-vous, ouvrez l’œil, caressez les chiens s’ils sont réveillés, éclairez la “nuit” avec votre frontale... Soyez actifs, quoi !”
Malgré la torture du réveil et le froid mordant, c’est un moment magique. Se retrouver seuls, à goûter le vrai silence boréal dans la lumière entre chien et loup du Grand Nord, c’est unique ! Nos pensées s’enrichissent, notre attention est décuplée. Et quelle beauté, cette banquise et ses montagnes ! Les tours de garde, c’est aussi la transcription d’une solidarité entre les membres du groupe. Un long relais, comme une course de fond (…).

La force du groupe

(…) Notre guide a du tact et de l’expérience. Il connaît parfaitement les craintes de certains pour le froid polaire. Et les outils pour y remédier ! Les pieds sont nécessairement à soigner. Pour cela, les bottes Sorel sont les plus efficaces. Notre modèle “glacier” est prévu pour résister à des températures en dessous de – 40 °C. Il ne faut pas oublier, le soir venu, de retirer le chausson pour le glisser dans le sac de couchage, afin de le sécher. De même pour la semelle intérieure. Certains compagnons de route poussent le rituel jusqu’à “démouler” le second chausson intérieur en toile et l’étaler entre leur sac de couchage et leur matelas.
En parlant de nuit, le duvet grand froid est optimum lui aussi. Comme les phoques sur la banquise, une fois fermé, notre sac de couchage ne laisse qu’un trou de moins de 20 centimètres pour respirer, conservant toute notre chaleur.

La peau de renne étant un peu lourde, nous utilisons un matelas en mousse, doublé d’un matelas autogonflant Thermarest de près de quatre centimètres d’épaisseur... Le confort est là ! La veste “grand froid”, large et épaisse, qui descend sous les fesses, munie d’un haut col et d’une capuche doublée est rassurante. Dès la pause, nous la revêtons prestement, avec un sentiment de protection et de chaleur immédiat ! Alors oui, les Sorel ne sont pas des chaussures de ski, et le maintien est moindre. Nous avons seulement choisi le confort d’être bien au chaud. C’est aussi une notion de sécurité. Et la plupart de nos participants ne sont pas des skieurs experts ! Et puis la gestion du froid, c’est aussi une question de solidarité et de réflexe à acquérir. Ne pas rester statique sans s’équiper correctement. Observer ses compagnons pour prévenir des marques blanches sur les visages, signes de gelures superficielles. Faire sienne la “technique de l’oignon” : retirer ou rajouter des couches pour être au chaud, sans jamais transpirer ! S’aider mutuellement pour sortir les Thermos d’eau chaude, les vestes, monter sa tente, tirer les pulkas... La vraie force du groupe ! (…).

Une vraie histoire, un souvenir fort !

(…) Partir au Spitzberg vivre une aventure extraordinaire, c’est une chose. En revenir ? C’en est une autre. Après des jours de ski, de montage de tente, de nuits en sac de couchage, de moments partagés dans la tente-mess, de galères contre le froid... Le retour, c’est comment ? Pas toujours évident. Impressions. La confrontation brutale au bruit est synonyme de retour au pays. De l’aéroport à la ville, il est partout, sans répit. Pour les Niçois ou les Savoyards de notre groupe, le calme de leurs maisons panse doucement ce premier choc. Les repas ont aussi une autre saveur. Ah, la fondue de poireaux aux crevettes et au curry sous la tente-mess sur la banquise... Une vraie histoire, un souvenir fort ! Pour Nicolas, le plus dur à son retour a été le manque de cracottes Wasa, à qui il a voué une vraie passion pendant tout le voyage ! Dans certaines situations, on conserve les réflexes de notre expédition. Et l’on s’entend alors répéter “la flemme, c’est mal”, un de nos nombreux crédos ! Le tri des photos est cornélien : coucher de soleil sur les terres arctiques, alignement des pulkas givrées, visages de “gladiateurs polaires”, les tentes colorées, les chiens... Ah oui, car Winston et Churchill nous accompagnaient au Spitzberg. Pour une notion de sécurité contre les ours d’abord, puis pour nous aider à tirer les pulkas (lorsqu’ils le décidaient vraiment !), ils étaient surtout des copains irremplaçables, des peluches à câliner ! Allez, c’est décidé, je repars au Spitzberg... mais en kayak et en rando, l’été prochain ! (…).