Les Canaries d’est en ouest

Marcelo Espino, guide Allibert Trekking aux Canaries, ouvre la carte et la balaie d’est en ouest pour décrire la singularité de chacune.
Lanzarote, l’inattendue
Ici, les paysages les plus inattendus sont le fruit de la culture de la vigne : on creuse le sol à intervalles réguliers, et cela forme des étendues de mini-cratères alignés qui créent un sentiment “d’autre monde”. Par ailleurs, voir les feuilles très vertes des ceps qui poussent sur un sol si sec et si noir est assez surprenant : la vie surgit là où on ne s’y attend pas… Personnellement, j’aime aussi beaucoup le parc des Volcans, notamment lorsque les premiers rayons de soleil viennent créer des effets irisés sur la terre humide, juste après la pluie…
Fuerteventura, la sauvage
Sur cette île, sans doute l’une des plus sauvages, les grandes dunes de sable blanc contrastent avec le bleu profond de la mer et le noir anthracite de la lave basaltique. Les dunes sont formées par l’érosion de coquillages, sous l’effet du chergui, le vent saharien. C’est une île quasi désertique, au climat très sec, et la beauté des lieux parle à ceux qui aiment les paysages colorés, aux lignes épurées.
Gran Canaria, la multiple
C’est “le continent miniature”, qui réunit sur une seule île de nombreux écosystèmes. Le plus impressionnant est peut-être la grande caldeira de Bandama.
Sur cette île, je trouve l’héritage culturel assez vivace. Au mois d’août, par exemple, on célèbre à Agaete la fiesta de la Rama, issue d’un ancien rite aborigène : on monte sur la montagne pour rassembler des branches de pin canarien, et après une grande fête, au petit matin, on agite les branches dans l’Océan pour appeler la pluie…
Tenerife, la méconnue
Au bout de toutes ces années, je souris toujours en voyant des gens descendre du bus en t-shirt au sommet du Teide ! Ils ne s’attendent pas à passer en si peu de temps du niveau de la mer à près de 4 000 mètres d’altitude. Le sommet offre une vue époustouflante, mais aussi parfois, de la neige ! L’île n’a été longtemps réputée que pour ses plages, alors que 40 % de sa surface est recouverte de parcs nationaux ou naturels, qui abritent, entre autres, de belles forêts de lauriers ou de pins. On trouve aussi quelques falaises impressionnantes.
La Gomera, la clémente
La plupart des voyageurs que j’accompagne apprécient surtout de marcher entre une forêt tertiaire, très dense et des cultures de fruits tropicaux. L’île a aussi conservé un curieux mode de communication, ancestral, un langage sifflé assez élaboré qui permet par exemple aux agriculteurs d’échanger à travers champs. Pendant les randonnées, beaucoup sont également surpris par les troncs de palmiers “taillés en escalier” : j’explique la tradition de l’extraction de la sève, propre à l’île.
La Palma, la luxuriante
On l’a baptisée la “isla bonita”. C’est une petite île très avancée dans l’Océan, donc plus arrosée que les autres, qui offre une végétation foisonnante. On y trouve notamment de nombreuses forêts et des cascades qui se déploient dans un relief très volcanique : un petit paradis pour randonneurs en somme ! D’ailleurs, les sentiers sont bien balisés, et elle fait souvent partie des coups de cœur des randonneurs que j’emmène.
El Hierro, la volcanique
C’est la plus petite et la plus volcanique de toutes les îles : la dernière éruption date de 2011. Mais aussi la plus préservée des îles Canaries ; elle abrite de nombreuses espèces endémiques. Ses quelque 2 000 habitants sont d’ailleurs sensibles et vigilants à la préservation de cette nature intacte, puisque 95 % de l’énergie utilisée provient du vent, du soleil et de systèmes hydroélectriques : ils sont animés par une véritable “conscience écologique”…