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L’Ouest américain, pays des horizons

Sur ces terres de démesure, l’érosion a sculpté dans le roc un spectacle unique de canyons, arches, aiguilles, rochers suspendus… chefs-d’œuvre de la planète protégés par des parcs nationaux. C’est dans cet incroyable Ouest américain que Amandine et Vidian se sont rendus cet été pour effectuer un voyage de reconnaissance, et “chaque fois, la magie opère…”.
canyonlands USA

Aller ou retourner aux Etats-Unis, c’est toujours retrouver un imaginaire : des paysages, des images voire des sons. En ville, c’est plonger dans un film ou une série, avec les rues et les vues connues, les pick-up imposants et les sirènes familières de la police ou des fire fighters. C’est la route 66, la mythique route qui appelle les kilomètres, ses vieilles stations essence et les motels désuets où l’on croit s’être déjà arrêté, lieux assoupis sous la poussière, dans le souvenir d’une époque plus glorieuse.

Partout, tout est plus grand, et les horizons n’ont pas de fin. Ici, tout est aussi plus chaud. Au cœur des déserts où la température dépasse souvent les 100 degrés Farenheit (près de 40 °C), où le soleil n’en finit plus de se coucher, les genévriers assèchent leurs branches pour ne maintenir qu’un filet de vie à travers leurs troncs resserrés. Mais les nuits fraîches laissent place à des ciels plus étoilés qu’ailleurs. Et les s’mores chocolat-chamallow se déglutissent sans faim.

L’Ouest américain c’est aussi, évidemment, le Grand Canyon, Yosemite et Zion. Bryce Canyon, Capitol Reef et la vaste zone lunaire que l’on traverse pour relier les deux : le voyage dans le temps n’est pas seulement imaginaire, il est géologique. Fermez les yeux, tendez l’oreille : entre les falaises stratifiées de grès rouges, on distingue le chuchotement de Kerouac. Un bruit de sabots. Le souffle d’un harmonica. Ici vivent encore les cow-boys, les Apaches et les Comanches. Ici survit l’enfance. Ouvrez les yeux… vous y êtes !

Antelope Canyon USA

Cameron, le guide navajo

Comme toujours, la saveur singulière d’un voyage peut tenir à une rencontre. Pour ce voyage, le prénom marquant restera sans doute Cameron. Le guide navajo nous a accompagnés dans Antelope Canyon, le royaume fantasque où l’on croit parfois circuler dans un fluff géant (la pâte à guimauve des Américains). Visage mat encadré par de longs cheveux noirs, sous une casquette enfoncée jusqu’aux oreilles, il laisse apercevoir des yeux perçants et rieurs. D’une voix presque monocorde et dans un flow aux reliefs quasi imperceptibles, il distille avec un sourire mi-humble mi-fier quelques anecdotes sur son passé de guide auprès “des plus grands photographes du monde”. Sur son héritage amérindien, il restera assez secret, privilégiant les grandes envolées sur les légendes du canyon, les formes animales imaginaires à déceler parmi les ombres, les stigmates des passages répétés de l’eau…

Yellowstone

Les oursons du Yellowstone

Dans le parc national du Yellowstone, le vert domine, mais le rouge, le bleu, le jaune et l’orange, le gris et le noir lui disputent le monopole. Ici, la terre fume et respire : geysers, sources chaudes, fumeroles et solfatares en sont les témoins permanents. Les animaux profitent de cette profusion de chaleur : les bisons déambulent comme nos vaches, tranquilles et débonnaires, les wapitis et les deers (cerfs) se montrent peu farouches, et les spermophiles très curieux… Sous l’œil des aigles qui exécutent leurs rondes célestes, un sentier nous mène jusqu’en forêt. Peu de temps après avoir progressé sous les conifères, nous apercevons en contrebas deux oursons qui batifolent dans les herbes. S’ensuit un long moment d’observation mutuelle : nous les scrutons, les jumelles incrustées dans les orbites, eux lèvent leurs museaux vers nous à chaque craquement de branche. Avant de reprendre leur jeu insouciant sous l’étroite surveillance de maman grizzly…

Needles USA

L’antilope de Canyonlands

Autre lieu, autres rencontres... Nous voici dans un secteur reculé du parc national de Canyonlands, horst fracturé et percé de milles anfractuosités, à 2000 mètres d’altitude. Nous entamons une chasse aux cairns, dressés par les rangers du parc sur un sentier qu’il faut parfois deviner sur les dalles de pierre. Devant nous s’étirent les Needles, les dentelles de roche rouge et ocre, fruit du travail inexorable de l’eau et du vent. L’aventure est jalonnée par des bouquets odorants d’armoise, de sauge et de thym… Fin de journée, les dernières lueurs nous enveloppent et nous avançons seuls sur le sentier de Chesler Park pour traverser la fraîcheur salutaire d’un canyon pas plus large que nos épaules. A la sortie de l’étroit passage, les grands espaces rouvrent leurs portes. Une antilope surgie de nulle part et lancée à vive allure stoppe sa course à quelques mètres de nous. Avant de reprendre sa folle trajectoire bondissante. Soulevant seulement un peu de poussière, et une question : où vont les antilopes lorsqu’elles filent vers l’horizon ?…