5 instants de voyage au Maroc

TOP 5 MAROC
Instant randonnée
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Le baptême du désert
Désert… un mélange d’appréhension de cette terre “vide”, et d’interrogations : comment se sent-on au milieu de “nulle part”, dans un environnement qui peut paraître hostile ? Eh bien j’ai aimé. J’ai aimé ces dunes à perte vue, comme des vagues parfaites, ce ciel qu’on peut presque toucher, ce silence qui enveloppe, l’harmonie des couleurs.
Après quelques péripéties — le vieux 4X4 peine à avancer, le chauffeur regarde le moteur toutes les cinq minutes, et quand ça repart, monte la musique à fond… —, les premières dunes et les premiers pas dans le sable. On est sur une autre planète. On apprécie cette marche dans la pure quiétude du désert.
Le soir au campement, on préparera le feu avec nos guides, le repas avec les cuisiniers. Et on confectionnera le pain des sables, un pain que l’on cuit sur les braises du feu en le recouvrant de sable, on enlève ensuite les grains en tapotant pour pouvoir le manger… Le sable du désert est humide, il n’adhère pas. Le coucher du soleil sur les dunes sera le point d’orgue de cette expérience qui ne ressemble à aucune autre.
Instant montagne
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Au pied du Toubkal, il a fait froid cette nuit-là
Depuis, Marrakech, le bus nous conduit au village d’Imlil, au pied du Toubkal, 1 700 mètres d’altitude. En février, il fait froid, et nous sommes équipés en conséquence. Nous croisons les enfants qui rentrent de l’école : plus habitués que nous à ces températures, ils sont bien plus légèrement vêtus.
Ces derniers jours, il a neigé sur les montagnes du haut Atlas. Le refuge n’est pas chauffé, Ali, notre hôte, se démène pour trouver les couvertures qui vont nous réconforter… Au lever, sur la terrasse qui fait face au Toubkal, des stalactites ornent les robinets des lavabos, crachant difficilement une eau trop glacée pour se laver. Mais quel spectacle face à nous ! On pourrait rester des heures à regarder cette “montagne des montagnes” (c’est comme cela que l’appellent les Berbères) recouverte de neige. Un délicieux petit déjeuner et un feu de cheminée nous réchaufferont, mais nous choisissons le mode cool avec une balade à travers les villages alentour. Le Toubkal attendra !
Instant culture
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Essaouira, “la bien dessinée” en arabe
Arrivés à Essaouira assez tôt le matin. Nous descendons du bus au port, et déjà l’odeur est prégnante. C’est le moment de la criée, des nuées de mouettes survolent les barques bleues, ce bleu si caractéristique que l’on retrouve partout, les Marocains dégustent le poisson frais grillé par les pêcheurs… Essaouira s’anime.
Moi, c’est la ville des peintres, les peintres de la couleur, que je veux voir. Nous nous laissons donc porter. Dans les ruelles de la médina, le nombre de galeries et ateliers d’art est impressionnant ! Art naïf, art brut, art populaire… qui puisent aux mêmes sources. Et toujours de la couleur à profusion. Cette “école d’Essaouira”, nourries par des artistes souiris autodidactes, c’est Frédéric Damgaard, critique d’art danois, qui la fait connaître, et diffuser, dans les années 80 : visiter la galerie à son nom est un passage obligé !
Aujourd’hui, deux tableaux naïfs dans ma cuisine représentant des scènes de la vie quotidienne me rappellent la belle Essaouira. Je l’apprendrai plus tard, mais je ne le sais pas ce jour-là, qu’en arabe, l’ancienne Mogador des Portugais est “la bien dessinée”.
Instant insolite
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Des chèvres dans les arbres
Au Maroc, les chèvres grimpent sur les arbres ! Un étonnant spectacle pour nous qui ne sommes pas habitués à cette gymnastique. Leur agilité est impressionnante, elles sont capables de prouesses d’équilibre incroyables, passant d’une branche à l’autre. C’est aussi très drôle de les voir faire. On appelle ça le pâturage “aérien”… Et ces “arbres à chèvres”, ce sont des arganiers. Espèce endémique, l’arbre tient une place importante dans l’économie de la région de Souss, il permet de produire l’huile d’argan.
Plus tard, nous aurons l’occasion de voir comment les noyaux rejetés par les chèvres se transforment en huile d’argan entre les mains des villageoise, assises à l’ombre d’un auvent. Selon une méthode traditionnelle, les noyaux extraits sont grillés puis écrasés à l’aide d’un moulin en pierre pour créer une pâte, on ajoute ensuite de l’eau tiède jusqu’à produire la fameuse huile à l’odeur de noisette.
L’huile d’argan est très utilisée dans la cuisine marocaine : elle tartine le pain du petit déjeuner et arrose le couscous. J’ai testé et je recommande !
Instant HISTOIRE
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Fès El-Bali, dans le dédale des ruelles de la médina
Se repérer dans le labyrinthe de la médina de Fès est une gageure pour les néophytes que nous sommes. Nous y allons avec un ami qui vit ici une partie de l’année, tôt le matin : à cette heure de la journée, les lieux sont encore un peu tranquilles. La médina de cette ville impériale est la plus grande du monde arabe, fondée au VIIIe siècle, et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
On y pénètre par la “porte bleue”, Bab Boujloud, avant de s’enfoncer dans les quelque 9000 ruelles. Ici une échoppe où un mur d’à peu près quatre mètres de haut est rempli de boîtes de différentes épices et de plantes médicinales de toutes sortes. Là, une sorte de bistro minuscule couvert de zelliges colorés du sol au plafond où un vieux monsieur sirote tranquillement son thé à la menthe. Plus loin, un âne chargé de marchandises tente d’avancer dans une rue incroyablement étroite, un dinandier martèle consciencieusement un plateau d’argent, des enfants jouent au ballon dans une cour exiguë… Et au détour d’une ruelle, dans une impasse, quelques joyaux d’architecture hispano-mauresque dans cette médina médiévale : une médersa, une mosquée, un palais, des détails sur un mur, une porte, un balcon… Un lieu insolite et hétéroclite, berceau de la plus vieille université du monde musulman, Al Quaraouiyine.