En réponse aux avis d'Estelle et de Matthieu, son fils; je comprends votre déception de ne pas voir pu atteindre le sommet du Mont-Blanc.
Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'option de Tête Rousse est difficile, réservée à des personnes ayant une très bonne forme physique et entraînées à marcher en crampons en altitude. Lors de votre inscription, en janvier, nous avons insisté sur ces points et le choix d'une ascension par le refuge du Goûter encore possible.
Nous nous sommes longuement entretenus. Pour Allibert, nous allons continuer à proposer l'ascension en insistant toujours plus sur les risques, le niveau et ne pas tomber dans la banalisation d'un sommet qui, avec l'effondrement des dômes, devient encore plus exigeant.
Nous sommes tous d'accord pour dire que la configuration idéale est de pouvoir dormir au Goûter. Pour cela nous avons besoin de nos partenaires hébergeurs pour mieux se coordonner sur les réservations. On peut toujours tenter de réserver tout à la dernière minute, en misant sur la défection de certains alpinistes qui auraient renoncé à leur projet mais très franchement, est-ce responsable ? Imaginez l'ambiance quand vous découvririez que rien n'a été réservé pour vous.
Enfin, pour qu'une cordée fonctionne bien, qu'elle se fasse confiance, elle doit apprendre à se connaître. Pour cela, je maintiens qu'il faille passer du temps ensemble. Trois jours de préparation avant le sommet doit permettre de rapprocher la cordée. Je sensibilise les guides sur cette question car elle est nécessaire pour augmenter les chances de réussite. Le guide principal doit instaurer la confiance car il sera aussi le lien avec les guides renforts qui vous rejoindront seulement pour les trois jours d'ascension.
Les trois guides nous ont confirmé qu'aucun des participants n'aurait pu prétendre au sommet ce jour-là. Ceci correspond à la réalité d'un Mont-Blanc où beaucoup abandonnent car les conditions là-haut sont parfois compliquées à gérer avec la fatigue. De plus, le jour de l'ascension, le vent s'est levé plus tôt que prévu et, avec la neige tombée la veille, le mauvais temps des deux derniers jours, l'ascension est devenue plus compliquée. Le ciel bleu ne suffit pas à garantir un succès, d'autres paramètres entrent en jeu et le guide est là pour les analyser. Olivier, le guide de votre cordée, a pris la bonne décision : faire demi-tour au-dessus de Vallot avant de franchir les passages les plus exposés et délicats. L'autre cordée a aussi fait demi-tour à ce moment-là. Quant à la dernière, elle avait déjà renoncé au Goûter.
Nous avons fait le maximum. Malgré les difficultés météorologiques, la complexité de réserver les refuges et trouver des guides, nous avons fait évoluer le programme pour rendre cette ascension possible avec la contrainte d'un départ Tête-Rousse. Devant le risque météo, j'ai moi-même pris la décision de vous faire passer une nuit supplémentaire à l'hôtel le jeudi soir pour éviter de dormir sous tente à Tête Rousse sous la pluie. Le vendredi, j'ai fait monter un jeune guide, pour optimiser les cordées et faire en sorte que les plus motivés d'entre vous, vous et votre fils, puissiez aller le plus haut possible sur un créneau météo correct mais court. J'ai aussi repassé des réservations à Tête Rousse pour vous éviter une nuit sous tente le jeudi soir. Beaucoup de temps passé à faire et défaire le programme en accord avec les guides sur le terrain.
Ce message s'adresse à vous mais aussi à tous les prétendants à une ascension au Mont-Blanc.
Thomas, Responsable Alpes du Nord