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Paul Bonhomme : guide de haute montagne

Guide de haute montagne et guide Allibert, skieur de pente raide et spécialiste de l’ultra-endurance, Paul Bonhomme n’est pas un guide comme les autres. Portrait d’un amoureux des cimes, qu’il collectionne pour son plaisir et celui des grimpeurs et skieurs qu’il encadre.
Paul bonhomme

Il fait beau ce 21 juin, jour du printemps. Paul vient d’atteindre le sommet du mont Blanc avec deux clients. Le trio a mis quatre heures trente pour faire l’aller-retour du refuge du Goûter au sommet, un temps canon puisque c’est à peine l’horaire normal pour la montée seule. Paul déteindrait-il sur ses clients ? Lui est habitué aux performances que l’on qualifie d’extravagantes et qui ne sont pourtant qu’un aspect de sa passion. Car s’il aime gravir des montagnes, il aime aussi les descendre à skis, et se régale de son métier de guide.

Les grandes bambées

Le 27 mai 2018, Paul a vécu une journée hors du commun pour son projet “4 faces de l’aiguille Verte”. A 4 h 40 du matin, il se tient une première fois au sommet de laiguille Verte, 4122 mètres, six heures après avoir quitté le parking, 3000 mètres plus bas. Après la descente à skis du couloir Whymper, il franchit la brèche du Cardinal, descend le versant Charpoua et remonte le couloir en Y pour se retrouver une deuxième fois au sommet, à 13 h 30 ! Avec le guide Vivian Bruchez, il descend ensuite le couloir Couturier et finit sa journée après vingt heures d’effort, et 4000 mètres de dénivelée ! Paul aime les grandes bambées. En février dernier, il a ainsi effectué une magnifique ascension de la dent Blanche, 4357 mètres, dont il réussit la première descente intégrale de la face Est à skis, avec des pentes à 55 degrés.

Un ultra-montagnard

Passionné de ski-alpinisme, mais aussi de trail, Paul a bouclé en 2016 le tour du Queyras en courant, 157 kilomètres et 13 000 mètres  de dénivelée en 63 heures. Et pour la bonne cause, puisqu’il collectait des fonds pour la Croix-Rouge. Aujourd’hui, il habite Cercier, dans les collines haut-savoyardes, mais il a longtemps vécu en Briançonnais. Il a passé dix ans à écumer les Hautes-Alpes, où il garde des amis et de la famille. Après la disparition l’année dernière de son ami Bob Bobrowicz, Paul a voulu lui rendre hommage en réalisant une traversée de Cercier à Serre-­Chevalier, terre d’élection de Bob.
Ce fut le Bob’s Tribute, une demi-traversée des Alpes. “L’idée était d’aller voir mes potes là-bas, en profitant pour faire une belle traversée en ski-alpinisme et trail running”, explique-t-il. En termes de performances, le guide ultra-montagnard a réussi à boucler sa traversée en six jours. Les chiffres sont éloquents, pour ne pas dire ahurissants : 277 kilomètres et 18 000 mètres de dénivelée avalés. Soit une moyenne de 46 kilomètres par jour et 3000 mètres de dénivelée avec un gros sac. Vous avez dit “mutant” ?

Paul Bonhomme 2

Guide et athlète au quotidien

Au-delà des aptitudes du Bonhomme (sic), il y a bien un secret, très simple. C’est l’entraînement. Paul commence par des séances orientées cardio à l’automne et poursuit avec le ski de pente raide. En tant que guide, il ne s’arrête jamais et n’attend pas la fin de saison pour s’y mettre. Il profite de chaque créneau, autrement dit chaque après-midi, pour s’entraîner, même quand il a des clients.
Quelques semaines avant son Bob’s Tribute, Paul encadrait un raid Chamonix-Zermatt à skis. “Une fois monté au refuge avec mes clients, je repartais l’après-midi, avec leur accord, pour ajouter de la dénivelée à la matinée”, explique Paul, qui confesse que, parfois, “les collègues hallucinent”. Finalement, sa saison de guide se confond avec sa préparation d’athlète. “Ma démarche est simple : j’essaie de ne pas tricher.” Que ce soit dans les Alpes ou dans ses expéditions lointaines, Paul Bonhomme est sur une ligne claire, pour ne pas dire puriste : pas de sherpa, pas de corde fixe. Dans les Alpes, pas d’hélico, des amis qui l’hébergent le soir. Economie de moyens. Le sac est lourd, mais le cœur léger au sommet, la fatigue s’efface devant l’envie de continuer et de montrer à ses clients son jardin féerique : la haute montagne.