Installer son bivouac

Simple commodité en l’absence de refuge ou désir de renouer avec la nature, le bivouac doit rester un plaisir. Conseils et astuces de Rémy Florchinger, accompagnateur en montagne Allibert.
 

Dans quelles circonstances est-on amené à bivouaquer ?

Le bivouac va s’imposer en l’absence de refuge, mauvais temps (ou manque de temps pour rejoindre un abri)… qui font que l’on ne pourra pas aller plus loin.

Mais le bivouac, c’est aussi — et surtout ! — une immersion dans la nature. D’ailleurs, chez les montagnards, le bivouac, c’est “dormir à la belle étoile” !

Peut-on parler de confort ?

C’est même essentiel ! Pendant la nuit, le confort conditionne la récupération. En montagne, il faut veiller à la planitude du terrain – pas de terrain en pente, ni accidenté —, à se protéger du vent à l’aide de petits murets en pierre et éviter de dormir “dans un creux” qu’une pluie pourrait remplir pendant son sommeil !

Dans le désert, les nuits sont fraîches au milieu des dunes, mieux vaut donc choisir la proximité des rochers exposés à l’ouest, car la chaleur emmagasinée la journée est restituée la nuit ! En dormant près de la face ouest de la roche (c’est-à-dire face au coucher du soleil), on a l’impression d’être contre un petit radiateur…

Quels sont les risques du bivouac ?

La nuit, l’homme est toujours plus vulnérable, d’où l’importance de bien choisir son lieu de bivouac. Les risques diffèrent selon les destinations : il ne faut donc jamais négliger les chutes de pierres ou de neige en montagne, les insectes ou reptiles dans le désert, les chutes d’arbres ou les zones inondables dans la forêt amazonienne… Et toujours garder à l’esprit que la nuit, on a très vite fait de s’égarer.

Comment y remédier ?

En montagne, je construis toujours un petit igloo en creusant à l’entrée une “fosse à froid” d’une trentaine de centimètres de profondeur.  Ce “trou” va permettre d’évacuer le froid de mon abri, ce qui permet de jouer à la fois sur la protection et le confort.

Dans le désert, où l’on craint la nuit d’être attaqué par des animaux, il y a plusieurs règles à respecter : ne jamais laisser son sac ouvert, encore moins son sac de couchage que l’on ouvre… au dernier moment ! De la même manière, pas de matelas à proximité des touffes d’herbe. Enfin, si l’on doit se lever la nuit, on s’équipe de sa lampe de poche et on enfile ses chaussures !

Dans la forêt amazonienne, où les chutes d’arbres sont le risque numéro un, il faut chercher un emplacement auprès d’un arbre sain en vérifiant sur un périmètre de 30 mètres que les arbres alentour le soient également. Pour éviter de s’égarer – la canopée est trop épaisse pour bénéficier de l’éclairage naturel de la lune —, l’idéal est d’installer une petite bougie à 1,50 mètre de son hamac.

Dans la savane (Kenya, Tanzanie) où le bivouac permet de se protéger des animaux, je n’hésite pas à faire un feu ou un muret de broussailles et d’épineux.

Le souvenir de bivouac que vous aimeriez partager ?

Les nuits en bivouac sous les étoiles sont toujours des moments fabuleux, peut-être parce qu’elles ont su me rapprocher de l’époque où les hommes vivaient à l’extérieur et imaginaient des histoires sur ce ciel étoilé… Mais mon souvenir le plus marquant a sans doute été ces nuits passées au Zanskar, l’un des grands massifs du Cashmere situé non loin de la frontière du Pakistan. L’hiver, l’accès à la fois difficile et magnifique s’effectue en longeant une gorge sur un fleuve gelé : nous installions nos bivouacs dans des grottes sur des petites berges semblables à des balcons qui permettaient de profiter, sans aucune mesure, des constellations.

 

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